Jean-Jacques Symul
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À la galerie de Wégimont : du 15 mars au 12 avril 2014
Vernissage le vendredi 14 mars de 18 à 21h
« A propos de mon travail »
L’ARCHÉTYPE, selon Jung, est la tendance humaine à utiliser une même forme de représentation donnée à priori d’un thème universel commun à toutes les cultures mais figuré selon des formes diverses. Ce concept est intimement dépendant de celui d’inconscient collectif que l’on retrouve dans les mythes et les productions de l’humanité .
L’archétype est une image originelle qui existe dans l’inconscient mais n’est pas issue de l’expérience ; il s’inscrit dans une trame de représentations apparentées entre elles et qui, se chevauchant constamment les unes les autres, forment le « singulier tapis de la vie* ».
Ma recherche en photographie est basée sur la quête de l’image, soit d’un objet qui, par l’abstraction voulue de critères de temps et de contexte, soit d’un lieu ou d’une personne où les notions d’identité ou d’anecdote sont absentes, qui puisse
être considérée comme une forme de représentation universelle.
L’important n’est pas que ce soit cette brosse à vaisselle ou ce tire-bouchons particulier, ce paysage photographié en telle ou telle saison, cette personne s’appelant Untel ou Unetelle qui soit re-connue mais que le spectateur soit confronté à sa propre évocation de la chose représentée. En quelque sorte, une forme d’archétype .
Mon travail est donc entièrement consacrée au quotidien dans sa plus simple expression . Cette recherche de la simplicité – ou peut-être de l’évidence des choses – réside autant dans le choix du sujet que dans ma manière de photographier, sans effet, sans modification , sans artifice .
*C. G. Jung, Sur l’interprétation des rêves.
À propos du travail de Jean-Jacques Symul
« Les premières photographies de Jean-Jacques Symul (Liège,1952) avaient pour sujets des objets quotidiens : grattoir, paires de ciseaux, cuillère etc. Les objets y apparaissaient hors de leur contexte, émergeant d’un univers clair, presque irréel, qui leur conférait une dimension emblématique. Comme si ces objets, pourtant connus de tous, se chargeaient d’une nouvelle réalité et condensaient en eux-mêmes toutes les possibilités imaginables. Ils n’apparaissaient plus comme de simples objets, mais l’archétype de ces objets, chargés de toutes les potentialités affectives qu’ils recensaient. En ce sens, on pourrait parler d’un processus d’abstraction du sujet.
Cette manière de poser un regard qui transcende un quotidien commun se perpétue dans les paysages de Jean-Jacques Symul. L’artiste refuse l’anecdote du lieu, même s’il s’agit toujours d’endroit qu’il connaît et affectionne. Ses images dépassent les références spatiales et temporelles pour devenir des évocations plus intemporelles. Ses triptyques, autour des rivières par exemple, ne sont plus seulement le témoignage des états transitoires d’un site précis mais évocation possible de tous les états possibles, de toutes les rivières qui traversent des paysages naturels. Les cabanes, érigées dans les champs, à l’orée des bois qui découpent la lumière de leur ombre, sont devenues toutes les cabanes possibles.
Les spectateurs ne s’y trompent d’ailleurs pas car la neutralité des thèmes permet une perception immédiate, la résurgence de souvenirs enfouis chez chacun de nous. Tout le monde a bien quelque part le souvenir d’une rivière traversant un bois, d’un rayon de soleil découpant l’orée d’un bois de sapin, bordant une prairie. Les force des photographies de Jean-Jacques Symul est de pouvoir faire renaître, en chacun d’entre nous, la gamme d’émotions (nostalgie, attendrissement etc.) qui s’y rattache.
Mondes intérieurs, ses photographiques poursuivent une tradition littéraire (ex. Flaubert), picturale (ex. Friedrich) et même cinématographique (ex. Antonioni), qui associe le paysage naturel à une visualisation des états d’âme. Symul traite les éléments extérieurs comme le réceptacle d’une émotion, la cristallisation d’un état affectif en suspension. Ses portraits en sont particulièrement caractéristiques : ils sont moins les retranscriptions des modèles que visualisations de l’affection que l’artiste leur porte.
Ses photographies résultent d’un long travail de décantation du réel qui se construit par le lent rituel de la prise de vue. Nul besoin de mitrailler de manière aveugle et d’espérer que, dans le foisonnement des prises de vue, une image sera la bonne. Les photographies de Jean-Jacques sont patiemment construites pour arriver à ce « geste juste » qui les arrache à l’écoulement du temps et les inscrit dans une intemporalité qui assure la pérennité de leur pouvoir d’évocation. La saisie des lumières, la naissance des ombres, la construction posée de la composition relèvent d’une écriture maîtrisée qui se libère avec le déclic ».
Chef du secteur des arts plastiques des Affaires culturelles de la Province de Hainaut .