Véronique Goossens, Karl-Heinz Theiss, Anne Truyers.

samedi 27 décembre 2014
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Vernissage le vendredi 13 février 2015
Exposition du 14 février au 15 mars 2015
Les samedis et dimanches de 14 à 18 heures et sur rendez-vous
A la Galerie de Wégimont, Domaine provincial, 4630 Soumagne

  Véronique Goossens

Mise en abysse

Un fil ténu, peut-être celui de la mémoire humaine, traverse les mondes de Véronique Goossens. Des mondes qui se fécondent mutuellement. Les recherches sont multiples, les techniques également. Pourtant une émotion, qui prend aux tripes, irrigue du même mystère peintures, gravures, pastels ou croquis.

Véronique Goossens / « Rémanence »

Des silhouettes esquissées en quelques coups de pinceaux, êtres légers, presque inexistants. Repentirs, superpositions de poses, alchimie du papier et de l’encre de Chine, voici le babil solitaire des modèles qui prend forme. Des visages peints en gros plans à différents âges, parfois des corps de plain-pied figent des fragments de vie sur le support : yeux clos ou aveugles, têtes baissées, regards perdus dans le vague à la recherche d’on ne sait quel fantôme, bouches ouvertes et pourtant muettes. Le mouvement y est comme pétrifié. Parfums d’enfances, mutismes d’adultes, conversations intérieures ? Arrêts sur images ou impossibles connivences ? La question reste en suspens, la matérialité de la peinture lui confère une réalité tangible. La pâte est généreuse, le trait tempétueux. Des choix chromatiques, intenses mais feutrés, imprègnent ces petits formats aux cadrages singuliers. Images à la fois délicates et violentes où perle la solitude du moi.
L’œuvre gravé poursuit ce voyage intime explorant les frontières de l’inanimé et du vivant. Effet de miroir cherchant à saisir ce point volatil, à déflorer la cruauté abyssale ? Véronique Goossens observe, un peu en retrait ou en apnée peut-être, cette chose qui se fait ou se défait, ce je ne sais quoi qui flotte dans l’univers. Combiner les manières de travailler la plaque : vernis, aquatinte et pointe sèche. Attaquer l’obscurité de la matière. Elle la caresse et blesse sa proie de métal. Les noirs dominent, leur profondeur est vertigineuse. Par contraste, la trouée du blanc paumé agit comme un gouffre de magma lumineux. Laitance d’humanité ? De sa main, jaillissent des figures sorties d’une nuit sans fin mais dont le frémissement est pourtant bien palpable. Têtes hors champ, corps happés vers le bas, visages sans traits, des ombres grandeur nature se côtoient, se frôlent sans vraiment se rencontrer dans les eaux-fortes. Leur présence est comme absence infusant l’invisible, l’indicible et l’incommunicable aussi.
Des mamelons montagneux, des ciels gris, des paysages baignés de douceur et de mélancolie appellent une palette aux tonalités sourdes et retenues. Ces pastels et gravures polychromes n’ont pour objet qu’eux seuls, l’humain n’y a pas sa place. Ils sont rémanences. Du plus proche au plus lointain, Véronique Goossens n’a de cesse de saisir ce pays rural qu’elle connaît bien, d’y installer un espace fictif, celui des portraits de nuages ou de buissons, d’y explorer une campagne dont l’humeur changeante continue à la surprendre. Turbulences et tourments. Tout est ici composition, nuance et minutie. Cherche-t-elle à capter l’instant ? Cherche-t-elle à suspendre le temps ? Le sait-elle ? Elle avoue aimer aller très profondément là où les secrets sont enfouis pour les dire de différentes façons.

Véronique Goossens / « Errance 5 »

Le dessin est une discipline voire une philosophie, mais aussi trace et ligne de vie. Où qu’elle soit, Véronique Goossens griffonne et croque des ambiances, des émotions, un moment. Des lieux visités, habités ou pas, en sont le ferment. Elle fixe ces expériences, hors atelier, dans des carnets-mémorandums où elle enferme le réel. Elle repousse les frontières de l’oubli et condamne la mémoire à la perpétuité.
Revenir et revenir encore, laisser affleurer les souvenirs, travailler par série, laisser monter en soi présent et passé. Véronique Goossens sème les indices : secrets mis à nu, plaies palpitantes. Son travail trouble. Il oscille entre force et fragilité, fait écho et secrète un étrange parfum ontologique. Et voilà le spectateur confronté à l’émergence de ses tumultes et de son silence intérieur.
Michèle Minne
Critique d’art ABCA-AICA, Décembre 2013

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 Karl-Heinz Theiss

CCC : Contrastes, contraires, contradictions

« Celui qui regarde une œuvre la reçoit avec sa sensibilité,
son expérience, sa culture…. Les sens qu’on lui prête peuvent venir
se faire et se défaire sur la toile, il ne s’agit pas d’un message.
Quand je peins, je ne me propose pas de communiquer un sens…
(…) Un artiste n’a pas à témoigner de son époque, il est fait d’elle. »

Pierre Soulages
dans Entretien avec Pierre Soulages par Charles Juliet, L’Echoppe, 1986.

Karl-Heinz Theiss / « N°56 acrylique sur mdf » / 2014

« Mon travail est basé sur les contrastes, les contraires et les contradictions, ce qui fait notre société… que nous faisons.
Le geste disparaît presque entièrement derrière des aplats cartésiens ; à certains endroits, on devine encore la présence du geste sous l’aplat, ce qui lui donne un relief. Des parties d’un même geste se trouvent devant la partie pleine, tantôt derrière. »

« Je peins en noir et blanc depuis de nombreuses années et… je n’ai pas encore fait le tour de tous les gris qui en résultent ! » Karl-Heinz Theiss.

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 Les traits d’Anne

Le graphisme d’Anne Truyers nous entraîne vers mille cheminements : il est presque à la fois inutile, mais inévitable, d’essayer de chercher un sens (de lecture ?) à travers tous ces motifs et fils infinis qui serpentent et s’entremêlent pour former un inextricable noeud digne de celui de Gordias.
Nous sommes face à une véritable carte géographique de l’humain, de sa route, de son parcours, parfois chaotique, libre, jamais droit en tous cas.

Anne Truyers / Mai 2014

Une carte sans rails ni autoroutes, mais uniquement faite de véritables petits sentiers de randonnée, ceux où elle promène son chien, pour nous inviter à errer, à nous perdre : le contraire d’un destin...
Comment interpréter ces lignes, ces écritures énigmatiques et répétitives qui nous font rêver d’un futur possible mais transitoire, un futur de fuites et de flux ?
Sans nul doute, il y a ici un territoire personnel, un alphabet, un langage à décrypter : Anne se dévoile dans ses traits. Ils sont peut-être les traces de ses pas qui sillonnent toutes les contrées de la terre ou plutôt les lignes de sa main, présageant d’un avenir empli de vitalité ou encore les empreintes de la danse, singulière et imprévue, de ses doigts b(r)ouillonnants...

Mon corps est un écho somatique aux ondes du monde. Ulises Lima

Anne travaille toujours en musique, classique ou instrumentale.
Ses dessins sont donc autant à parcourir qu’à entendre, tels des notes musicales impulsives, vibrantes et rythmées, des jets d’énergie où résonnent l’enfance et la vérité.
Sophie Horenbach

Anne Truyers / « Les mots pour » / 50 x 70 cm / 2014

ASBL Wégimont Culture, Domaine provincial de Wégimont (entrée bas) Chaussée de Wégimont, 76 – 4630 – SOUMAGNE
Informations : 0477/389835 – info@wegimontculture.be
Exposition organisée en collaboration avec la PROVINCE DE LIEGE SERVICE CULTURE


Portfolio

Karl-Heinz Theiss Karl-Heinz Theiss Anne Truyers Véronique Goossens Véronique Goossens « Iindicible » / 2012