Aux lueurs de printemps (Biographies)

Biographies des artistes
samedi 27 avril 2019
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 Charlotte BEAUDRY

Née en 1968
Vit et travaille à Bruxelles
http://www.charlottebeaudry.net/

Artiste autodidacte, Charlotte Beaudry est avant tout une peintre, une pratique qu’elle enrichit de dessins, vidéos, performances et sculptures.
En 1987 elle interrompt ses études d’art pour rejoindre son frère Pierre Beaudry, décorateur, à Londres où elle se dédie à la pratique de la fresque et du trompe-l’œil.
De retour en Belgique, l’artiste sera remarquée en 2003 lors d’une exposition personnelle et remporte en 2005 le prix de peinture Georges Collignon décerné au Musée d’Art moderne et d’Art contemporain (Liège).
Son travail interroge essentiellement les rapports entre la féminité́ et sa représentation, confrontant son expérience intime à une réalité́ sociale plus large.
Après une longue période picturale consacrée à l’évolution d’une adolescente, succède aujourd’hui une iconographie étendue aux objets ou aux attributs féminins (parures, ornements, accessoires) dont l’artiste éprouve le potentiel formel, métaphorique et symbolique.
Traversée par une énergie brute teintée d’impertinence ou d’espièglerie, Charlotte Beaudry explore un répertoire visuel et sensible issu notamment des cultures post-punk, des études de genre ou de l’érotisme.
Entre de petits formats – adaptés à la finesse des détails – et des toiles plus monumentales caractérisées par de surprenants changements d’échelle, Charlotte Beaudry renouvelle les possibilités de la peinture figurative à laquelle elle apporte invention formelle et engagement conceptuel.
À la fois investie dans la matérialité́ de la peinture et attentive aux ambigüités des séductions de l’image, Beaudry - telle une Virginie Despentes picturale - poursuit une œuvre cohérente et farouchement indépendante qui dresse le portrait subtil et cru de la féminité́ contemporaine.

 Fernand BREE

Né en 1910 à Duffel, décédé en 1986

Professeur à l’Institut Saint-Luc de Liège pendant 35 ans, réalisateur de décors de théâtre et critique d’art, Fernand Bree est connu essentiellement pour ses paysages du pays de Herve, mais également de Provence, de Bretagne et d’Autriche.
Reconnu comme l’un des plus sensibles impressionnistes de sa région, il s’adonne à la pratique de plusieurs techniques caractérisées par une finesse du trait, un kaléidoscope de couleurs et un éventail de lumières. Même s’il y a une prédominance de la peinture à l’huile dans son œuvre, vers la fin de sa carrière, Fernand Bree réalise des dessins à la plume d’une sobriété et d’une puissance d’évocation remarquables.

 Yves BUFFALO

Né en 1971
Vit et travaille à Flémalle
https://www.yvesbuffalo.com/#!

Peintre autodidacte, Yves Buffalo travaille à partir de photographies ou de détails de photographies qui évoquent un moment précis, un souvenir ou un lieu significatif à ses yeux et les (re)transforme en une nouvelle composition picturale.
Son rêve est de sauver le monde. Avec ses pastels, ses huiles et encres il recrée un univers doux, sensible et décalé et réinvente un nouveau départ pour ce monde qui s’autodétruit et brûle. Un monde meilleur où la Nature s’échappe au grand prédateur, l’Homme.
Peindre avec légèreté, de l’humour, des couleurs vives et joyeuses, est mon moyen de retrouver une illusion de puissance et d’échapper à l’angoisse de la destruction.
La peinture agit aussi comme une manière de replonger dans l’enfance, de l’insouciance et des découvertes innocentes, à la recherche du temps perdu.
Mon travail se traduit en un moyen d’agir, une quête de l’impossible- la volonté de revenir en arrière, avant la tragédie- une fuite, un refuge, une dénonciation, une volonté de comprendre.
Sa peinture est caractérisée par une épure maximale, une grande simplicité, donnant vie à des dessins très détaillés, avec une explosion de couleurs et complexes quant aux formes et à l’équilibre des nuances.

 Brigitte CLOSSET

Née en 1958
Vit et travaille à Liège

Toujours active sur la scène artistique, l’artiste liégeoise inscrit sa démarche picturale dans une quête de pureté, tout en tentant d’élever la peinture à une expression parfaite, elle propose aussi l’interaction des blancs qui dialoguent avec l’espace voisinant.
Un blanc parfois coquille d’œuf, mais plus souvent blanc cassé, voire grisé bleu : des variations, qui incitent le spectateur à (ré)apprendre l’art de regarder.
Il faut se donner le temps de contempler pour découvrir les rythmes des variations optiques.
Son œuvre se prête à des lectures multiples et différentes, les monochromes sont brisés par des éclats de lilas, coquille d’œuf ou vertes.
Sa démarche artistique est dominée par l’acte de sonder la dimension verticale et les formes ovales, créant un rejet du strict cloisonnement et une ouverture floue plongée dans une atmosphère nacrée.

 Guy DACOS

Né en 1940 à Huy, décédé en 2012 en France
http://dacos.org/

Avant ses 30 ans, il voyage et étudie la gravure en France, en Italie, en Pologne, au Portugal, puis fonde une famille à Méthamis, dans le Vaucluse.
Devenu professeur de gravure à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, il se consacre à la formation des jeunes graveurs et à la diffusion de cet art.
À Liège - ainsi qu’à Vila Nova de Cerveira au Portugal -, il est à l’origine des Biennales de la gravure. Fidèle à la défense de la gravure comme art à part entière, il a longtemps animé l’association La Poupée d’encre, devenue la Nouvelle Poupée d’Encre, et a dirigé de nombreux ateliers à Vila Nova de Cerveira. Il a été récompensé par plusieurs prix.
Ses œuvres figurent dans divers musées, bibliothèques, ou coopératives de graveurs, en Belgique, en France, en Espagne, au Québec, au Portugal, en Pologne, et à Cuba. Selon son souhait, l’ensemble de ses gravures a été déposé au Cabinet des estampes et des dessins du musée des Beaux-Arts de Liège.
Ses gravures, teintées d’une forte composante politique, tracent l’histoire du monde contemporain, de sa confusion, son désordre, sa violence. Sa création puise sa substance, non dans les traditions artistiques ou culturelles, mais dans une existence réelle et vécue. Tous ces éléments se fondent sur la plaque sans recherche ou calcul préalable (Cfr. Jean-Pierre Rouge, Art et Métiers du livre, 1989 n°154).

 Michaël DANS

Né en 1971
Vit et travaille à Liège

Polyvalent, d’une production éclectique qui le mène du dessin à la peinture, de la photographie à l’installation ou encore à la performance, Michaël Dans opère une exploration d’un large spectre en créant des détournements, des décalages souvent teintés d’une ironie qui lui permet d’aborder les choses avec une certaine distance.
Les œuvres de Michaël Dans se présentent comme des espaces non fixés, assez mystérieux, prenant l’humour comme moyen d’agiter les esprits.
Michaël Dans, comme le souligne Jena Michel Botquin dans son texte « Still life », développe dans cette série de photographies un ensemble de natures mortes, il renoue avec la notion d’illusion et de trompe l’œil l’enfance, la solitude, une certaine mélancolie, l’introspection, l’érotisme, la mort sont autant des fils conducteurs.

 Anne DENIS

PETITE HISTOIRE ou comment tout commence et rien ne cesse.

Mon intérêt a d’abord été pour la philosophie, mais je me suis vite rendue compte que je ne pourrais pas mener une telle existence dans les mots. Il me fallait travailler avec mes mains, ne pas me réduire à un cerveau pensant. D’ailleurs penser à partir de quoi, quand on a si peu vécu ? Il me fallait explorer d’autres parts de ma vie, plus concrètes. Il me fallait me nourrir, mener mon questionnement au cœur de la vie. La pratique artistique s’est imposée : elle me permettrait de mener la même recherche, mais avec l’aide de la matière. C’est en interagissant avec elle, qu’elle m’apprendrait plus directement son altérité. Mais je devais avoir l’intuition - et la peur - de la puissance tapie au cœur de la matière, car à vrai dire je choisis le médium le moins « matériel » qui soit, la photographie : écrire avec de la lumière !
J’ai mené cette pratique pendant dix ans. Je travaillais par séries, et chacune d’elles me permettait de fouiller le même questionnement, la même interrogation qui m’avait poussée à étudier la philosophie. Par l’image, il s’agissait pour moi d’interroger ce lien étrange : la possibilité même de faire des images, comme exemplaire de la capacité humaine à entrer en contact et à interpréter le monde. Explorer le lien entre l’être humain et le monde, explorer la réalité qui entoure l’humain, et le réel duquel tout cela vient (?). En quelque sorte, je faisais de la métaphysique pratique. N’est-ce pas ce que l’art a toujours fait ?
Mais dans chacune de ces séries, je détournais l’image photographique « standard », nette et précise, lisible et décodable au premier coup d’œil. Je ne me résolvais pas à produire des images conformes à l’apparence « normale » des choses. Je travaillais longtemps en laboratoire afin d’essayer d’insuffler à chaque image une épaisseur, une densité à laquelle j’aspirais et qui me faisait défaut dans la surface lisse de la photographie conventionnelle. Souvent le flou m’a servi comme moyen d’indistinction, espace d’indifférenciation entre le sujet et l’objet. En tout cas, il s’agissait toujours de l’aspiration à trouver une certaine communauté entre l’humain et l’autre, entre le dedans et le dehors.
Un jour je déménage à la campagne, et je me découvre une nouvelle façon d’être. Je prends contact avec la terre, enfin. Tout change. J’expérimente dans ce contact avec la nature ce lien dont j’ai l’intuition depuis longtemps, et qui m’échappait continûment : notre appartenance mutuelle. J’intègre par le corps ce qui m’échappait toujours quand j’essayais de l’attraper par les mots. Du coup, la photographie ne me suffit plus. Ma pratique doit s’adapter à mon expérience de vie. Je commence timidement à peindre. C’est par là que je plonge enfin dans ce lien entre l’œil et la main, que j’acquiers cette connivence avec la matière.
En août 2003, je fais un pas plus loin, je commence à vivre dans mon mobil home, toujours dehors, dans les prés et dans les bois. C’est là aussi que je peins. C’est mon atelier nomade. Je fais de longs séjours en France et dans les Pyrénées espagnoles, avec une prédilection pour les lieux reculés, là où la grandeur et la rudesse de la nature obligent l’homme à rester à sa juste place. Eprouver un peu la peur suscitée par un orage en montagne, s’angoisser de la solitude trop grande et de notre petitesse dans le monde, s’endormir et se réveiller le matin avec le bruit de l’eau qui court, et qui a couru dans mes rêves, écouter le concert des grenouilles ou des criquets, tout cela fait partie de l’expérience qui est à la base même de ma peinture. Je peins dehors, l’eau qui coule en rivières et l’immobilité des rochers. La nature m’apprend ce que je cherche depuis si longtemps.
J’utilisais l’appareil photographique comme illusion de non intervention humaine : des photons imprimaient leur image sur une plaque sensible. En expérimentant la peinture, je découvre que je n’ai pas besoin d’appareil, qu’à la place de l’illusion qu’il m’offrait, la matière picturale et le geste humain me donnent accès à une évidence : il y a un passage possible, au sein même de l’être humain, pour que les choses extérieures, l’autre, puissent nous traverser sans filtre, sans déformation, ou presque. Et alors effectivement leur image n’est pas conforme à leurs apparences. Je passe d’une illusion conceptuelle, intellectuelle, mentale, à une certitude de vie, une évidence : un bloc de réel surgit à travers moi, dont je fais partie et dont je suis aussi essentiellement constituée.
Quelque chose s’apaise,
Quelque chose s’angoisse.
Tant de puissance effraie
Le frêle humain
Qu’elle traverse.
Voilà, je suis partie vers l’exploration de notre noyau, de notre centre secret, par lequel nous appartenons à ce qui nous entoure.
Pour moi, une des portes possibles vers ce mystère passe par la solitude au sein de la nature.
Cette solitude permet l’observation : l’observation de la nature, certes, mais surtout l’observation de l’écho de ses forces en nous, ou de leur latence.
Et la peinture est pour moi un moyen privilégié d’exercer cette observation : observer le dehors, les formes, les forces, et observer que ces mêmes formes, ces mêmes forces s’exercent à l’intérieur de nous.
Quand je peins, je ne peins pas seulement avec l’œil, je peins avec les sensations qu’éprouve mon corps. C’est tout le corps qui ressent ce que l’œil voit, et c’est le corps qui y répond par sa gestuelle, sa puissance ou sa retenue, sa vitesse ou sa lenteur. Je ne choisis plus, je ne décide plus, je suis mise en action par autre chose que le centre habituel de mes décisions.
Je fais l’expérience de notre communauté avec l’autre de l’humain, et cette évidence est devenue mon bien le plus précieux.

Anne Denis

 François GOFFIN

Né en 1979
Vit et travaille à Liège
http://www.francoisgoffin.com/

Ce photographe originaire du Condroz est venu à la photographie en se plongeant dans un livre d’Hubert Grooteclaes qui était ami avec le chanteur Léo Ferré.
Sa deuxième rencontre en photographie est son professeur Lucia Radochonska qui lui donne confiance dans ses choix, ses cadrages si particuliers.
Dans une interview accordée à Jean-Louis Godefroid en juillet 2009, François Goffin commente la série de photos intitulée « Les choses simples » :
J’aime que la photographie reste vraiment un plaisir. Quand je fais « Les choses simples » je vais juste chercher les images et il y a à chaque fois un sentiment profond de liberté. Il y a bien entendu une volonté poétique derrière le travail, sans pour autant revendiquer d’être poète (…)
François Goffin n’a pas la prétention d’accoler des mots à ses images comme autant de légendes explicatives, il est dans le langage visuel, dans la promenade qui amènera l’image à saisir, à donner généreusement à voir au spectateur.

 Richard HEINTZ

Né en 1871, décédé à Sy en 1929

Peintre impressionniste belge, surnommé « Le Maître de Sy » ou encore « Le Maître sans école », il peut être considéré comme l’un des artistes liégeois les plus importants de sa génération.
Après des études inachevées à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège, il travaille à partir de 1892 à la restauration des tableaux anciens du collectionneur liégeois Adolphe Eymael. Boursier de la Fondation Darchis, il séjourne à Rome de 1906 à 1912, dès son retour sa production artistique connaît une profonde vitalité.
Ses explorations lui permettent de découvrir les secrets des jeux de lumière et il commence à créer ses propres couleurs.
Considéré comme « impressionniste par sa recherche de la sensation du moment, il se distingue cependant des principaux représentants français par sa technique plus large et sa palette plus grasse et souvent plus sombre et profonde » (Parisse). Sa manière de peindre est aussi impulsive. Il a influencé, sans jamais être professeur, un grand nombre d’artistes- peintres de l’école liégeoise du paysage.

 Philippe HERBET

Né en 1964
Vit et travaille à Liège
https://herbet.me/

Ce photographe passionné par les voyages adore partir tel un aventurier romantique.
Son travail photographique est vivant et complexe à l’image d’un rhizome qui se déploie.
Depuis plus de dix ans, il parcourt les pays de l’Est : Russie, Kazakhstan, Biélorussie, Ukraine, Caucase.
Le projet Lettres du Caucase. Errance romantique a débuté en octobre 2010 pour se terminer en septembre 2012, après six voyages. Ce projet se décline sous la forme d’une exposition, d’un livre édité par Yellow Now ainsi qu’un livre d’artiste (samizdat) édité en 5 exemplaires.
Ses petites passions, la photographie, l’écriture, la lecture, les trains, les voyages-principalement en ex-URSS-, la condition des femmes, occupent la majeure partie de son temps. Philippe Herbet par la singularité de son talent donne aux spectateurs des images fortes et sensibles à la fois, exigeant il ne va jamais multiplier les images, son œil toujours juste va sélectionner très vite ce que le sujet a à nous dire, nous donner, nous apprendre.

 Jacky LECOUTURIER

Né en 1948 à Kortessem
Vit à Les Avins
http://www.jackylecouturier.be/

Jacky Lecouturier photographie comme il respire et nous plonge dans une atmosphère d’intimité, de plaisirs simples, de poésie, de liens profonds avec la nature.
« Saisir les plaisirs de la matière, la propagation de la lumière, la variété des couleurs. Apprécier ce qui l’entoure pour ce qu’il est, pour ce qu’il offre, revenir à l’essentiel, et l’apprécier comme tel. Sublimer l’éclat des choses simples.
Des fragments de vies, des instants fugaces, dans lesquels il nous parle tant de lui que de ce qui l’entoure avec une pudeur et une délicatesse qui lui sont propres.
Adeline Rossion

 Elodie LEDURE

Née en 1985
Vit et travaille à Liège

Photographe, diplômée à l’Ecole supérieure des Arts Saint-Luc à Liège, Elodie Ledure nous touche avec sa simplicité faite de vide et d’absence qui cachent encore les traces de la présence humaine. Sa photographie se transforme en aventure, une quête instinctive rencontrant des lieux habités par une vie invisible. Ses images renvoient un monde où la banalité se réinvente et se transforme en réalités, presque, monochromes qui fascinent.
“Le regard d’Elodie Ledure est une projection inventive qui ne s’attarde sur les lieux et les objets de proximité que pour mieux les dédoubler, les déjouer, les dépasser. Tout autant que de plaisir « plastique » (lié notamment aux couleurs) les images d’Elodie nous invitent à des expériences perceptives et cénesthésiques complexes…
Elles semblent souvent manquer délibérément d’échappatoire : peu de profondeur, pas de lignes de fuite ; de grands aplats naturels ou architecturaux font souvent rempart, barrent la vue, attirent notre regard sur ce qui semble clocher dans le cadre, de petits couacs dans l’aménagement du territoire ou dans la cohabitation du naturel et du construit”.
Emmanuel d’Autreppe

 Véronique MARTINELLI

Vit à Esneux et travaille à Liège

Véronique Martinelli se dédie principalement à la linogravure où l’impression de mouvement est omniprésente et caractérisée par des traits vibrants à la fois forts et fragiles, les formes glissent comme l’eau qui coule implacablement, hésitant entre évolution et disparition dans une sorte de mouvement perpétuel et immuable. Les matériaux utilisés, en sculpture, sont aussi variés que la terre, la porcelaine, le métal ou les matériaux composites. Son cheminement plastique va toujours vers un dépouillement maximum. L’objectif passe par l’expression d’une sensibilité où le thème de « l’enveloppe », c’est-à-dire la dualité/ opposition entre intérieur et extérieur, est récurrent.

 Jacques- Louis NYST

Né en 1942 à Liège, décédé en 1996

L’œuvre de Jacques Louis Nyst est pluridisciplinaire : peinture, écriture, photographie, cinéma et vidéo, précurseur dans le domaine de la vidéo au début des années 70 avec notamment Propositions d’artistes pour un circuit fermé de télévision (galerie Yellow Now, Liège).
Le mélange des supports et le passage d’un moyen expressif à l’autre caractérise sa démarche : ses toiles peintes jouent sans cesse de rapports multiples à la photographie, ses photos, souvent compilées en livres sont accompagnés de textes poétiques et narratifs.
Cet artiste trop peu connu, joue des associations libres pour raconter les objets, le quotidien, dans une poésie flamboyante qui amène une multitude de lectures dans son œuvre.

 Christian OTTE

Né à Theux en 1943, décédé à Liège en 2005

Peintre et dessinateur figuratif belge, il se forme aux Académies des Beaux-Arts de Bruxelles et de Liège où il enseignera le dessin.
Dessinateur hors pair, le visage de ses « croqués » rend toute la psychologie ou la détresse du moment, le corps généralement traité en « non fini ».
« Longtemps ma peinture a exprimé mon rapport en distorsion avec l’être humain, cette créature autant haïssable qu’admirable, repoussante qu’attirante, effroyable qu’adorable, dans ses comportements et aspirations ». Il abandonne l’homme pour une croissante tendresse envers l’animal vache, comme une sorte de métaphore d’une large frange de l’humanité.
Après la vache et avant de retrouver l’homme, ce sera la pomme qui interpelle le peintre dans sa simplicité de fruit.

 Pierre PETRY

Né en 1945 à Liège, décédé en 2017
http://www.pierrepetry.be/

Pierre Pétry est un sculpteur animalier, un grand observateur, depuis l’enfance, des animaux, de leurs postures, de leurs particularités… Enfant, dit-il, j’étais très introverti, j’observais longuement les bêtes, les fourmis, je n’ai pas de rapports faciles avec les gens. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pris les animaux comme sujets.
L’expression qu’il donne à ses animaux, cette façon qu’ils ont de se tenir voûtés, de vous fixer dans le blanc des yeux ou de tourner la tête font immanquablement penser à Esope ou à Jean de la Fontaine qui prêtaient aux animaux des histoires morales pour se faire entendre…
C’est un artiste solitaire dans son espace de travail : il a autour de lui des notes, des livres, des dessins et des photographies qui lui procurent l’inspiration.
Son atelier est un laboratoire, mais lorsqu’il s’agit d’expositions, il accepte que ses sculptures se déplacent ou, plus justement, il accepte à chaque fois que celles-ci vivent leurs aventures presque de façon indépendante.

 José PICON

Née en 1911, décédée en 2011

Marie José Léopoldine Picon entre à l’Académie des Beaux-Arts de Liège à 15 ans où elle rencontre Mambour Dupagne, Bonvoisin Jean Donnay, des maîtres exceptionnels.
Le contexte artistique liégeois de l’après-guerre est d’une richesse incontestable, José Picon trempe dans cette atmosphère tourbillonnante et s’oriente très vite vers la peinture non figurative. Son abstraction se précise, au fil du temps, les couleurs sont chatoyantes, elles éclatent dans un tourbillon. José Picon n’appartient à aucun système, elle se cherche, se renouvelle, loin des goûts et des modes elle veut avant tout exprimer l’essentiel, ce que lui dictent son instinct, ses émotions.
Ses recherches de couleurs et mouvement ne cessent de transformer son œuvre, elle ne cessera d’innover. Dès le début ses couleurs vives témoignent d’une force nerveuse et tranquille à la fois. Dotée d’une personnalité hors normes, une des premières femmes à oser la peinture abstraite, José Picon a fortement marqué la vie artistique liégeoise.

 Pol PIERART

Né en 1955
Vit et travaille à Embourg
http://www.nadjavilenne.com/pol-pierart.html#.XL8SU4VOIdV

A côté de la pratique photographique de Pol Pierart, l’artiste a ajouté celle du film, le médium est évidement tentant. Il a ses qualités ontologiques, celles d’être, par rapport à la photographie, une succession de photogrammes.
Pierart choisira le super 8, non pas par nostalgie, mais lien pour l’aspect familier, voire même familial du medium, son caractère courant et sans prestige, ce grain de l’image particulier(…) Pol Pierart renoue avec le cinéma muet, ses écriteaux insérés dans l’image, comme dans ses photographies, feront office de cartons.
Dans « Autoportrait avec ma ville » (2005) il raconte du lever, (je ne suis pas encore mort), au coucher (je ne suis pas encore mort), une déambulation dans Liège au gré des paysages urbains, des enseignes et inscriptions en tout genre repérées dans la ville.
Chez Pol Pierart les mises en scène sont simples et directes, tout appartient au quotidien de la vie et du langage.
Des cartons – cartels, des écriteaux, parfois des inscriptions interagissent avec les objets posés dans le champ, voire, lorsque l’artiste quitte l’atelier, avec le paysage urbain. Ce sont de courtes phrases qui fonctionnent comme des énoncés aphoristiques, de petites sentences péremptoires ; elles résonnent comme des slogans, des lieux communs, des phrases de routine ou des annonces publicitaires. Pol Pierart substitue une lettre, un phonème, il remplace un mot par un autre qui lui est proche, phonétiquement ou sémantiquement, il détourne et modifie le sens.

Extrait de L’expérience continue de Jean-Michel Botquin

 Sébastien PLEVOETS

Né en 1980
Vit à Angleur

« Certains sujets ou moments m’ont interpellé, sans raison apparente, pour leur existence. J’ai voulu en extirper quelque chose à travers la peinture, transmettre ces bribes de réels sur le plan. Cela demande de broyer ces données visuelles et de les reformuler par la sensation. La peinture représente cette étape de l’intériorisation. Il n’y a plus rien d’autre. Parfois, il y a l’envie d’affirmer, de communiquer, une idée peut-être, en filigrane c’est déjà laborieux. Le mieux, c’est quand ça expérimente. J’y trouve une révélation ou une question, indicible, absurde, qui résonne malgré tout… »

  Pascale ROUFFART

Née en 1962
Vit à Liège

Pascale Rouffart a choisi les arts plastiques et particulièrement la terre, comme moyen d’expression. Librement elle ne suit qu’un chemin, le sien, celui qui la relie à cette force invisible qui s’exprime dans son travail. Elle ne retrouve pas la force de son geste dans les mots. Ancrée et singulière, son œuvre émerge de la terre. Animale et puissante, elle se déploie dans une géométrie fragile et sensible, une intelligence intuitive des rythmes et des nombres, des suites, toutes proportions gardées. Pascale Rouffart crée des « Objets » habités d’énergie vitale, généreuse, douce, détachée de notre volonté et, qui nous reconnectent à des rituels immémoriaux.
Virginie Pierre et Michel Leonardi.

 Jean Jacques SYMUL

Né en 1952

« Les premières photographies de Jacques Symul avaient pour sujets des objets quotidiens : grattoir, paires de ciseaux, cuillère etc. Les objets y apparaissaient hors de leur contexte, émergeant d’un univers clair, presque irréel, qui leur conférait une dimension emblématique. Comme si ces objets, pourtant connus de tous, se chargeaient d’une nouvelle réalité et condensaient en eux-mêmes toutes les possibilités imaginables. Ils n’apparaissaient plus comme de simples objets, mais l’archétype de ces objets, chargés de toutes les potentialités affectives qu’ils recensaient. En ce sens, on pourrait parler d’un processus d’abstraction du sujet.
Cette manière de poser un regard qui transcende un quotidien commun se perpétue dans les paysages de Jacques Symul. L’artiste refuse l’anecdote du lieu, même s’il s’agit toujours d’endroit qu’il connaît et affectionne. Ses images dépassent les références spatiales et temporelles pour devenir des évocations plus intemporelles. Ses triptyques, autour des rivières par exemple, ne sont plus seulement le témoignage des états transitoires d’un site précis mais évocation possible de tous les états possibles, de toutes les rivières qui traversent des paysages naturels. Les cabanes, érigées dans les champs, à l’orée des bois qui découpent la lumière de leur ombre, sont devenues toutes les cabanes possibles.
Mondes intérieurs, ses photographiques poursuivent une tradition littéraire (ex. Flaubert), picturale (ex. Friedrich) et même cinématographique (ex. Antonioni), qui associe le paysage naturel à une visualisation des états d’âme. Symul traite les éléments extérieurs comme le réceptacle d’une émotion, la cristallisation d’un état affectif en suspension. Ses portraits en sont particulièrement caractéristiques : ils sont moins les retranscriptions des modèles que visualisations de l’affection que l’artiste leur porte […] ».
Pierre-Olivier ROLLIN.

 Dani TAMBOUR

Née en 1950
Vit et travaille à Huy
http://www.danitambour.be/
https://www.facebook.com/www.danitambour.be

« Depuis quelques années, je travaille sur le thème du grenier, les greniers de grands-mères où l’on entre sur la pointe des pieds, en cachette, chuuut…sans faire de bruit pour ne pas être pris en flagrant délit de curiosité… »
Cette plasticienne brode, découpe, contourne le motif, assemble des bouts de tissus…
Sensible aux vêtements, aux accessoires (boutons en porcelaine, mouchoirs, gants de cuir féminin) elle résiste par sa poésie à la vitesse de notre monde contemporain qui oublie la beauté des petites choses et place l’intime sans pudeur sur les réseaux sociaux.
Dani Tambour donne un supplément d’âme aux petites choses, aux objets oubliés ; une seconde chance. Elle raconte des souvenirs quotidiens ou s’en invente, elle s’inspire de photos trouvées en brocante et prolonge des histoires.
Ses œuvres sont tactiles, fragiles aussi car elles pointent la fugacité de nos vies, ce qu’il reste de nous dans le creux d’un gant ou le pli d’un mouchoir.

 Luc VAISER

décédé en 2018

Photographe depuis plus de 40 ans, Luc Vaiser s’en est longtemps tenu aux subtilités du noir et du blanc. Son passage récent à la couleur et au numérique – retouche incluse –, avait donc de quoi déconcerter. Il invite surtout à chercher une cohérence plus subtile que celle que la technique manifeste : ce qui fait œuvre.
Seuls des aplats écarlates apposés à différentes séries d’images avaient manifesté de façon récurrente sa volonté d’en découdre avec la couleur (comme un contrepoint au silence des œuvres), sinon avec la peinture.
Le travail en diptyque ou triptyque est aussi inhérent à son mode de présentation des photographies – compositions temporaires ou destinées à rester associées. Comme si la photographie seule n’était jamais tout-à-fait complète, nécessitant des juxtapositions d’images très justement dites en regard. D’un regard, ses photos ont donc besoin. Les photographies de Luc Vaiser ne sont pas bavardes : le silence leur est inhérent.
Silencieuse, l’œuvre n’est pourtant pas muette. La découverte de la photographie digitale et de la retouche informatique représente à ses yeux un regain de liberté, car elle permet un surcroît de maîtrise sur le langage photographique- et il ne faut entendre aucune contradiction entre l’appétit de liberté et le souci de la maîtrise. Dans ses dernières séries, Luc Vaiser utilise ainsi pour la première fois des images trouvées sur le net, des portraits d’archives familiales, des mots et des textes. Les instruments de retouche lui permettent d’y travailler le punctum – la fêlure.
Son parcours, nourri d’une vaste culture visuelle et d’une insatiable curiosité intellectuelle, prend alors tout son sens. Si, en tant d’années de photographie, il n’a semblé creuser que des sillons modestes, il a par contre cherché avec constance à porter jusqu’à ses limites le langage de son art. Son style, totalement dénué de romantisme, en découle directement.
Car l’essentiel pour lui est de provoquer cette « explosion (qui) fait une petite étoile (…) à la vitre de la photo ». Et pour cela, il continue à suivre les lignes de fracture de l’image, à creuser la fêlure par laquelle, peut-être, passera la lumière. Qui fait la photographie.

 Nathalie VAN DER KAA

Née à Bruxelles en 1969
A fréquenté les ateliers du Créahm Liège de 1994 à 2016.

Dès son arrivée aux ateliers du Créahm, Nathalie Van Der Kaa déploie toute son énergie dans la peinture. Elle y associe différentes techniques telles que le dessin, le pastel et la gravure. Le cadre champêtre où elle réside a indéniablement eu un impact sur ses créations. Sa peinture oscille entre figuration et abstraction, elle y raconte des histoires tirées de son vécu qu’elle situe dans un cadre bucolique. La palette est chatoyante ; le geste est posé avec détermination. Les couleurs se superposent, se frôlent et se choquent. L’artiste a su donner naissance à un vocabulaire singulier, miroir de son imaginaire.
Nathalie Van der Kaa produit des peintures denses, superpose les couches de pigments, expérimente à l’envi et combine les techniques : acrylique, écoline, pastel sec, aquarelle… Si elle porte souvent son dévolu sur des supports de taille modeste, il est toujours étonnant d’observer ce petit bout de femme partir à l’assaut de grands formats pour donner forme à des compositions monumentales.
Sa peinture est faite d’accidents au mépris des règles de composition classique. Elle frappe par le contraste entre le caractère enjoué de sa palette et la brutalité de l’exécution. Les surfaces colorées se frôlent et s’entrechoquent. Ici, un jaune paille éclate au milieu d’une masse bleu roy, là, un vert émeraude s’exalte au voisinage d’une masse allant du cramoisi au rose dragée. Pourtant, en dépit de son caractère tachiste, il s’agit bien d’une peinture figurative qui invite à scruter les moindres recoins. Le spectateur attentif distinguera, au milieu des agglomérats colorés, une nuée de canards, quelques papillons, l’un ou l’autre mouton, des alignements de fleurs, une figure anthropomorphe rapidement exécutée… Tous ces motifs réapparaissent constamment et constituent son vocabulaire graphique de base : un ensemble de signes pictographiques recombinés d’œuvre en œuvre selon des modalités toujours renouvelées.