Le Comptoir d’estampes de Wégimont
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Le Comptoir de Wégimont, ouvert en 1989 à l’initiative de Jean-Pierre Rouge, a pour but de rassembler, conserver, diffuser et vendre des estampes. Il réunit plus d’un millier d’images de 150 artistes venus de tous les pays d’Europe, ainsi que du Québec et du Japon. Toutes les techniques y sont représentées, de l’eau forte à la lithographie, du numérique à l’héliogravure. Les différents styles, abstraits ou figuratifs, sont extrêmement diversifiés et proposent tout un éventail de nuances. On peut également parler de variétés dans les supports, les sujets, les matières ou les couleurs : on trouve au Comptoir d’estampes de Wégimont de quoi satisfaire tous les goûts !
Celui-ci résulte du désir de la Galerie de Wégimont de promouvoir la gravure. En effet, celle-ci permet une écriture artistique à nulle autre comparable qui offre de nombreux avantages. L’estampe est en effet un formidable outil d’exploration formelle qui, en étant multiple, permet la démocratisation d’un art ancré (et encré) dans la vie. De plus, souvent légère et liée au papier, elle facilite la diffusion et les échanges entre pays et continents. Enfin, l’estampe est exemplaire par l’infinité de ses possibilités esthétiques : barbes, trames, entailles, impressions, textures, grenures et morsures offrent au spectateur des images qui racontent l’histoire éclectique de l’image imprimée dans tous ses états. Le Comptoir n’est-il pas aussi en quelque sorte un « contoir » ?
Marie-France Bonmariage, Fleur de Chine Variation
Pour rappel, l’estampe est l’empreinte d’une « planche » préparée et souvent gravée par l’artiste lui-même. Elle est alors dite « originale » : c’est le mot propre pour désigner l’image artistique autonome que l’on obtient par le moyen de la gravure ou d’un autre mode de reproduction plus contemporain. (Aujourd’hui, de nombreuses ambiguïtés s’installent par exemple si l’on examine les peintures de Takashi Murakami qui sont devenues œuvres imprimées par la transition des procédés numériques. Est-on devant une reproduction signée, puisqu’un original préalable existe, ou un imprimé assumé par l’artiste comme une autre possibilité d’existence de l’œuvre d’origine ? On est loin de ses premières estampes exploitant des procédés plus traditionnels... mais désormais hors de prix.).
Connue depuis longtemps en Orient, l’estampe apparaît en Occident, à la faveur de l’invention de l’imprimerie. On retrouve déjà au 12e siècle, un verbe estamper, qui donne le mot estampe : c’est-à-dire un « cachet destiné à la fabrication d’une empreinte ». Ce n’est qu’au 16e siècle, donc tardivement, que le mot italien stampa fut inclus dans le vocabulaire français avec son sens d’« impression ». Le mot a donc une signification technique (comme l’anglais print) et désigne au départ toute image obtenue par pression d’un support contre une matrice. A la fin du Moyen-Age, on voit rapidement apparaître des travaux d’artistes qui gravent des images sur des planches de bois, les recouvrent d’encre et pressent une feuille de papier sur leur surface : la xylographie, et donc l’art de l’estampe, est né. Au fur et à mesure du temps, un large assortiment de techniques est utilisé pour créer une image sur une surface d’impression.
Audrey Lo Bianco, Jambe III, eau forte, 2008
Trois grandes familles de techniques existent :
- les procédés dits « en relief » : gravure sur bois, linogravure
- les procédés dits « en creux », de taille directe (burin, pointe sèche, manière noire), ou indirecte, par l’action d’un acide (eau-forte, aquatinte)
- les procédés dits « à plat » : lithographie et sérigraphie.
On pourrait y ajouter le monotype qui ne produit qu’une seule épreuve ou encore les procédés numériques plus récents. Sans entrer davantage dans l’aspect technique, si l’élément est encré, puis pressé sur un support, il s’agit d’une estampe. C’est pourquoi la photographie, liée à l’empreinte, multiple elle aussi, n’est pas véritablement considérée comme une estampe, même s’il est intéressant de comparer le parcours et la démarche de ces deux disciplines. Malgré tout, aujourd’hui, sans nier les spécificités de l’estampe ou de la photographie (voire même de la vidéo), on peut constater qu’avec le partage des technologies numériques, les rapprochements sont inéluctables et ouvrent d’autres perspectives. De plus, le cadre inter et multidisciplinaire s’élargit d’une telle manière dans le domaine artistique qu’il agrandit le jeu des interrelations esthétiques. La photographie, entre autres, (et déjà depuis longtemps) bouscule le champ de l’estampe et la pousse vers des langages nouveaux. De nombreuses expositions contemporaines rapprochent art de l’estampe, art numérique, art vidéo, photographie... Vous l’avez compris : la nature de l’estampe est de plus en plus floue et navigue désormais entre différentes disciplines. Andy Warhol n’avait-il pas déjà tenté de réconcilier peinture, estampe et photographie dans ses sérigraphies de grand format ?
Le défi du Comptoir d’estampes de Wégimont est donc actuellement de s’ouvrir : s’exposer pour ne pas devenir un lieu d’enfermement, accueillir de nouveaux artistes, dialoguer avec les autres disciplines et s’interroger sur l’évolution du concept même de l’estampe.
Bienvenue !
L’équipe du Comptoir de Wégimont
Les estampes présentes au Comptoir peuvent être consultées sur place à tout moment, sur simple rendez-vous (0477 38 98 35) ou lors des jours d’ouverture de la Biennale. Elles peuvent être achetées ou empruntées pour des expositions dans des lieux accessibles au public. La numérisation des collections est en cours.