Marie-Thérèse Prégardien

« Messages noués, paroles cousues »
samedi 6 octobre 2012
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Rétrospective de l’œuvre de Marie Thérèse Prégardien à la galerie de Wégimont en octobre 2012

Sans négliger l’aspect tactile, rugueux, velouté ou soyeux lié à l’utilisation d’un fil de laine, de lin ou de coton, plutôt que d’un pinceau pour étaler la couleur, le travail de Marie Prégardien est l’œuvre d’une grande coloriste. Ajouté à cela, son amour pour la géométrie la range inévitablement du côté de « l’art construit », notamment représenté en Belgique, par l’illustre peintre Jo Delahaut qu’elle cite volontiers : « Certains philosophes et certains esthètes, écrit-il, voudraient nous faire croire que les œuvres construites sont détachées de la vie, ne seraient que des jeux de l’esprit et que les artistes construits fuient les réalités du monde et tournent le dos à la nature. Les artistes qui font de l’art construit s’inscrivent en faux contre ces affirmations, car pour eux aussi la nature et la vie sont des sources perpétuelles de fécondation. Encore faudrait-il s’entendre. S’inspirer de la nature, signifie-t-il nécessairement copier un coin de paysage, reproduire les traits d’un visage ou composer un bouquet de fleurs ? N’existe-t-il pas une autre connaissance de cette nature qui consiste à ne pas s’arrêter à cette image superficielle, mais à y découvrir des mécanismes de vie plus secrets, des forces cachées, des processus de croissance, de développement ? […] qu’ils (les artistes) traduisent en des constructions, des représentations idéales ou poétiques ».

Marie-Thérèse Prégardien / Kimono

Ce texte, Jo Delahaut aurait pu l’avoir écrit pour Marie Prégardien, tant il est vrai que ce sont tous les secrets de la vie et de la nature, les aspirations de l’homme vers l’harmonie et la lumière qui se trouvent cachés, enfouis, dissimulés à la fois dans la rigueur et la complexité de la géométrie de l’œuvre de Marie Prégardien.
Le recours à la géométrie, à la symbolique des nombres et des couleurs, s’il participe d’une démarche intellectuelle et rationnelle, rejette toute raideur ou froideur et laisse toujours place à l’intuition, à la sensibilité et à la poésie. Et pourtant, le recours à la géométrie et le travail lent et exigeant du métier à tisser est aussi, avoue l’artiste, « une façon de maîtriser le grain de folie présent en moi, de tenter de structurer mon désordre intérieur ».
S’opposer au chaos, réunir les contraires, tendre à l’unité et à l’harmonie universelle, tels sont les grands idéaux poursuivis par Marie Prégardien tout au long de sa vie et de son œuvre. L’artiste s’empare de la règle et du compas, et dans la symbolique des nombres, elle trouve le moyen d’explorer et d’exprimer la face cachée du monde, d’en révéler les aspects contradictoires et d’y puiser la force d’un retour à l’unité.
L’œuvre de Marie Prégardien est un immense jardin secret longuement et patiemment cultivé, où chaque parterre est un tapis de « messages noués, paroles cousues »… à déchiffrer passionnément.
 
Anne Gersten
 
Conclusion du texte du n° spécial en couleurs édité à l’occasion de cette exposition-rétrospective, avec l’aide su service Culture de la Province de Liège.
Disponible à la Galerie de Wégimont et sur commande au prix de 8 euros.
Gratuit avec la cotisation de membre adhérent.


Portfolio

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