Michel BARZIN

Parfums et incidents.
jeudi 17 septembre 2020
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Du 12 juin – Finissage le samedi 10 juillet de 14h à 18h

En raison de la situation sanitaire, l’exposition sera accessible par petits
groupes limités.
L’accès au Domaine se fera exclusivement par l’entrée menant au château (entrée du haut)
Réservation indispensable : info@wegimontculture.be
ou 0477/38 98 35. Masques, gel et distanciation sociale obligatoires.

Michel Barzin sera présent :
le 12 juin de 14 à 17 h ;
le 19 juin de 14 à 16 h ;
le 20 juin de 16 à 18 h ;
le 10 juillet de 14 à 18 h

Michel BARZIN

 Michel Barzin

Nature morte morte

Un bouquet de fleurs avec ses parfums, ses couleurs, ses matières, ses dentelles et ses tiges : c’est la vie.
Alors pourquoi, quand on arrête l’image par la photographie, nous figeons cette vie ? Nous la réduisons à un moment. Un même moment pour toutes les parties de l’image, autant le bouquet que le vase, le fond ou la lumière ? Tout est arrêté, est devenu trace du souvenir fugace. Comme le son sonore qui a jailli d’une trompette : « a vécu ». La mort matérialisée, présente, palpable, c’est la photo.
C’est l’exact contraire de la peinture. La peinture, c’est la vie, la surprise, un jeu de cache-cache. Chaque touche de brosse est jeune. Chaque forme, libre.
La vie serait la liberté. Ne pas être dans le même instant.
Ceci dit, la mort, ce n’est pas grave. C’est joli, parfois.
Il ne s’agit pas de croire que la mort est laide, ni la vie belle d’ailleurs. Mais c’est un autre débat.

 Régine Rémon

D’improbables légèretés

Depuis plusieurs années déjà, Michel Barzin dessine, peint et surtout grave diverses « choses volantes » qui prennent leur envol pour découvrir en toute liberté de nouveaux horizons. Son plaisir à détourner ces objets de leurs fonctions premières est perceptible dans chacune de ses créations.
Les premiers acteurs de cette migration sont un éventail de vaisselle familière. Telles des montgolfières improvisées, cafetières, théières, bouilloires, pots à lait, partent à la conquête du monde en survolant rivières, montages, déserts. Ainsi Sans poids (ni loi), Bavure Toscane ou La Route d’Emir. Pansus, trapus, bosselés, émaillés, finement décorés, ces objets en apesanteur, sortis des cuisines de nos grands-mères, se laissent emporter avec élégance, libérés de leur poids. Une légèreté improbable

Ce répertoire emblématique touche également un monde que Barzin affectionne particulièrement parce qu’il lui a inspiré de très belles choses — Guêpe de près, Volatiles — : le bestiaire. Avec son humour décalé, l’artiste n’imagine pas des insectes, des oiseaux ou de frêles gazelles — ce serait trop évident —, mais des cochons, patauds, tout en rondeur. C’est pourtant avec légèreté que deux par deux, ils décident de Passer le cap, À la hâte, Dans la brise légère, Au soir tombant, dans La fraîcheur de l’ombre. D’autres titres sont plus étonnants : Icare dans la lumière, Au lendemain de la fête nationale ou encore Drôles d’oiseaux pour une soupe, où les queues en tire-bouchon sont troquées contre des feuilles de poireaux. Les images ont beau être légères, ludiques, rien n’est vraiment innocent. Ni les images, ni les textes. Ne pas donner de titre à une œuvre, l’intituler « sans titre » ou encore lui donner un numéro de série n’est pas concevable pour l’artiste : il aime les mots et s’en amuse… comme pour les images.

Les silhouettes découpées des cochons, cernées d’un trait noir marqué, se détachent dans des aplats de couleurs. Cette série, riche d’une quinzaine de sérigraphies, s’étale sur une dizaine d’années, de 1990 à 2002. Les croquis préparatoires réalisés nerveusement à l’encre de Chine et offerts au Cabinet des Estampes par l’artiste, sont annotés de remarques destinées à la version imprimée. Comme les cochons, des éléphants et quelques chevaux s’envoleront à la dérive, dont Rodolphe, les quatre fers en l’air, quelques vélos aussi, sortis peut-être d’un Tour de France détourné en Désastres de la guerre.

Poétique, insolite, énigmatique, romanesque, un rien surréaliste, l’œuvre de Barzin est une boîte à images intarissable.
Enfin, plus récente, la série des arbres volants, chère à l’artiste, se décline en gravure, pastel, photographie, peinture… Le premier Flying Tree voit le jour en 2011 en Chine continentale, dans la province de Shenzhen.
L’artiste participe à l’International Printmaking Base of Guanlan–Shenzhen, dans le village natal du célèbre graveur Chen Yanqiao. La région est peuplée d’arbres aussi imposants que remarquables. Barzin en détourne un et le transforme en arbre voyageur, traversant à sa guise champs et collines. Cette thématique lui donne des ailes : un Bouleau esquissé aux crayons de couleurs, un Paysage à l’huile sur toile évoquant la douceur de l’école intimiste verviétoise, une photographie Platane vole depuis sa cour d’école, des détournements de gravures anciennes... En octobre 2019, lors d’un nouveau séjour à Shenzhen, il retrouve son arbre et le découpe en quatre séquences distinctes. Don’t waste time my love est un cri adressé à l’humanité en danger et une exhortation à ne pas perdre de temps : ça urge !
Car, au-delà de leur aspect ludique ou poétique, ces images sont légèrement tristes, toujours. Une pointe de tristesse et de désolation. Dans le fond, ce n’est pas drôle. Mais Barzin a pris le parti d’en rire : si je me marre, c’est que je suis désolé.

Enfin, Love est la dernière série réalisée en 2019-2020 en Serbie et dans son atelier à La Reid. En six planches gravées à la pointe sèche et au burin, défilent différents arbres sortis de son imagination, au gré de son quotidien, ses humeurs, ses rêves. Un sapin traverse le paysage comme une flèche, un tronc déraciné atterrit, des branches effeuillées tombent du ciel. Variations
de mouvements, d’ambiances, d’angles de vue, autant d’atmosphères qui pourraient se décliner à l’infini, un peu comme si l’artiste recourait à la technique de l’écriture automatique. Bizarrement, dans cet univers, aucun être humain ne s’envole, ni homme, ni femme, ni enfant. Tous restent les deux pieds sur terre. Vraisemblablement sont-ils trop étriqués pour prendre de la hauteur. Carence d’innocence.
À la question : « pourquoi représenter des choses qui volent ? », la réponse est à son image, déconcertante : « parce que c’est plus facile, il n’y a pas d’ombre à dessiner ! ». Pourtant Barzin n’aime pas la facilité, et encore moins la virtuosité gratuite. Il aime se confronter aux exigences des différentes techniques. Il jongle avec l’eau-forte, la pointe-sèche, le burin, la xylogravure, la litho, la sérigraphie... Il s’applique inlassablement dans son atelier, il ne voit pas le temps passer, il est tout à sa passion. Le perturbateur au petit pied – pour reprendre son expression – est perfectionniste ; il aime la précision, l’équilibre, l’harmonie, l’exigence. Flotter, s’envoler, se laisser glisser, voguer, larguer les amarres, cultiver la liberté, « car c’est dans cet espace de liberté, fragile et à recommencer tous les jours, que sont possibles des actes de création ».


La Galerie est située sur le parking bas du Domaine provincial de Wégimont,
Chaussée de Wégimont, 76 – 4630 – SOUMAGNE

Photos Comptoir d’estampes : wegimont.zonerama.com
e-mail : info@wegimontculture.be
https://www.facebook.com/wegimontculture


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