Mon Colonnel & Spits

Tout terrain
samedi 27 avril 2024
popularité : 33%

La Province de Liège et son Service Culture en collaboration avec l’asbl Wégimont Culture propose de mettre en avant les artisans « Mon Colonel & Spit » afin de promouvoir un mouvement artistique contemporain liégeois.
À la galerie de Wégimont
Du 4 mai au 16 juin 2024
Vernissage le 3 mai 2024 à 18h30
Workshops organisés par le céramiste liégeois
Rémi Coppée les 4, 11, 18 et 25 mai 2024

Préface

Préface

Face à face, masques en grès émaillé, 2022

Le duo, formé d’Éric Bassleer alias Mon Colonel et Thomas Stiernon alias Spit, s’exprime au travers de masques, vases, sculptures et autres céramiques, souvent recouvertes de peinture, de dessins ou même de textes graffitis qui vous emmènent dans un monde pouvant faire penser aux bandes dessinées et aux personnages de dessins animés.
Leur travail se concentrant surtout sur le grès émaillé permet la confrontation de leur univers contemporain avec les techniques traditionnelles anciennes, tout en mettant en avant ces petites imperfections que d’autres tentent souvent de cacher.
Leurs masques, quant à eux, sont une invitation qui use du principe de « paréidolie » (l’art de voir des visages partout) pour qu’une fois émaillés et cuits, ils prennent vie pour le plaisir de chacun.

Cette exposition est le lien entre l’ancien et le nouveau, un voyage au cours du temps qui vous est proposé par Mon Colonel & Spit, durant lequel petits et grands assistent à la naissance de visages et de pensées parfois nostalgiques, souvent humoristiques, toujours sincères.
Alors n’hésitez pas à venir découvrir les œuvres de ces céramistes liégeois et/ou à assister à des ateliers qu’ils animeront dans un beau domaine calme et accueillant

Le Président du Collège provincial

Présentation

Présentation

Au cours des années 90, Éric Bassleer alias Mon Colonel (né à Liège en 1974) et Thomas Stiernon alias Spit (né à Liège en 1977) pratiquent le graffiti au sein du collectif liégeois « The ERS ». En 2007, à la suite de la dissolution du groupe, le duo d’artistes belges se forme pour devenir : Mon Colonel & Spit. Leur pratique artistique se décline à travers de nombreux médiums tels que le dessin, la peinture, la sculpture et la céramique. La plupart du temps, les œuvres issues de ces différentes techniques se trouvent rassemblées sous forme d’installations. Celles-ci sont le reflet de leur univers, fait de références du quotidien, à la bande dessinée, aux cultures populaires et urbaines, le tout baigné dans une joyeuse naïveté, empreinte d’ironie, d’humour et d’irrévérence.
En 2015, le duo remporte le prix de la Commission des Arts de Wallonie en présentant des poteries en terres cuites émaillées recouvertes de textes et de dessins semblables à leurs œuvres papiers. Ils commencent alors à fréquenter les cours des artistes céramistes Dominique Matagne et Gilette Fosty. En 2017, Mon Colonel & Spit exposent pour la première fois au musée MIMA à Bruxelles des sculptures ainsi que toute une série d’artefacts en céramique. Cette installation nommée « Show non merci » est la genèse de quarante ans de vie, de sensibilité artistique, de souvenirs, d’expériences et de rencontres qui ont fait d’eux des artistes. L’exposition devient alors pour le duo un réel déclencheur dans leur pratique, où l’art de la céramique prend une place presque exclusive.

Ensemble de masques en grès émaillé

« Leur travail, rempli d’une densité poétique sauvage et fertile, nécessitait simplement d’être fidèlement retranscrite pour partager ce que les artistes avaient à révéler au sujet de leur exploration de la céramique et des sources de leur créativité. Cette démarche, bien que plutôt académique, s’est révélée délicate, d’au- tant plus que les sculptures d’Eric et Thomas sont souvent teintées de légèreté, illustrant leur propension à s’amuser et à rire. » (R. Cruyt)

Depuis 2020, notre travail est surtout concentré sur la réalisation d’ensemble de sculptures en grès émaillé. Nous adorons confronter notre univers contemporain avec cette technique ancienne. Nos sculptures sont à chaque fois un clin d’œil ou une réminiscence à la bande dessinée, aux personnages de dessins animés, d’une œuvre brute ou anonyme ou encore des masques traditionnels et folkloriques. La terre est le prétexte au partage d’une même création, la forme est instinctive, l’émaillage est réfléchi même si c’est le four qui mettra le point final de cette rencontre entre nos deux univers et cette sculpture commune. Nous travaillons le « paréidolisme », l’art de voir des visages partout, entre nous. Chacun fait une forme en terre qui nourrit l’imaginaire de l’autre. Une approche formelle, que certains diront très simpliste, qui n’est en fait que le prétexte pour nous mener à l’émaillage et à la cuisson qui donneront vie à nos personnages. Cette homogénéité plastique nous permet de constituer des ensembles, véritables témoins de cette période de créativité. Nous aimons créer l’envie de collectionner, avoir tous ces masques, qui pourraient être le casting du prochain film d’heroïc fantasy, ou de science-fiction.

Ensemble de masques en grès émaillé

« Pour cette exposition nous présentons plus de 200 sculptures, masques et volumes. Tous ces visages qui nous avaient tant manqués, il est temps de les revoir et de tous s’y reconnaître, tous un petit peu. »
Il n’en reste pas moins que leurs œuvres sont de véritables miroirs de l’âme. J’imagine que l’amateur d’ethnographie y trouverait son compte. Leurs masques aux traits ahuris ont sans doute à voir avec les traditions carnavalesques ou les rites matérialisés dans les artefacts de l’Art Primitif. Il s’agit aussi bien du primitivisme que de la culture post-graffiti, de l’expressionnisme, de l’art brut ou encore de l’art pour enfants.
Les sculptures de Mon Colonel & Spit sont également des têtes coupées. Les plus grandes ressemblent aux atrocités de la Terreur française ou aux chasseurs de l’île de Bornéo ; les plus petites aux tsantzas des Jivaros. Leurs grands yeux cacheraient-ils une vertu apotropaïque ? La littérature — historique ou non — n’est pas avare de décapitations.

masque en grès émaillé

Les quelques catholiques qui hantent encore les églises du pays penseront à l’hagiographie des Baptiste, Paul, Denis et autres martyrs. Que dirait Antoine Wiertz en parcourant Chantecler, lui qui peignait pour la gloire et qui répétait avoir rencontré l’homme morbide qui se précipitait sous l’échafaud pour recueillir les pensées et les visions des suppliciés juste après leur décapitation ? Il faut aussi s’intéresser au rapport de ces « visages de pavé » avec l’histoire du portrait et de l’autoportrait.

Pierre Henrion

Historique

Plein pots

PLEIN POTS propose un one way ticket (plus mouvementé que SpaceX) aux confins de l’imagination de Mon Colonel & Spit, où les héros soviétiques partagent une Jupiler sur Tranquility Base avec Neil (et Laïka, somnolant sur ses genoux). PLEIN POTS narre l’épopée des gladiateurs de l’âge d’or de la Formule 1, ces boulimiques de l’exploit, au palmarès aussi légendaire que leurs répliques, et leur offre enfin, des casques à leur taille. PLEIN POTS témoigne des déambulations quotidiennes et des élucubrations nocturnes de Mon Colonel & Spit. Les mots débordent, saturent l’espace, confessent ce que la pensée obligerait à taire.
À l’image des « inscriptions sur les bancs d’écoles, des murs de prisons, des portes de WC ou des notes gribouillées en bas d’un carnet », les œuvres forment des tranches de vie cryptiques, dont seuls les artistes ont la solution complète.

Résidence Atelier Pierre Culot
L’Atelier Pierre Culot s’intéresse aux artistes dont l’univers touche de près ou de loin à la céramique. En juin dernier, ses responsables ont beaucoup aimé l’exposition du duo d’artistes Mon Colonel & Spitz, présentée chez Alice Gallery. Intrigué par l’univers créatif de ces deux Liégeois, à la fois généreux et iconoclaste, drôle et décomplexé, l’Atelier Pierre Culot leur a fait une proposition de résidence que le duo a acceptée. Celui-ci connaissait l’œuvre de Pierre Culot. Passionné par la céramique, Éric Bassleer s’est intéressé à son univers après avoir déniché, sur une brocante, un vase réalisé par l’artiste. À Roux-Mirroir, le duo a apprécié la tranquillité de la campagne, prenant plaisir à rencontrer les voisins et les habitants. Mon Colonel & Spitz ont également apprécié découvrir l’atelier et son histoire. Le vase Citroën l’a intrigué. Il s’agit d’une création réalisée par Pierre Culot pour le constructeur automobile français, en 1970. À l’époque, tout nouveau propriétaire d’une Citroën recevait ce vase en cadeau. On s’est demandé, précise Mon colonel, ce qui pouvait bien passer par la tête des gens lorsqu’ils recevaient ce cadeau. Le vase est à l’origine des cent pièces dessinées et réalisées par le duo pendant la résidence. Pascal Slootmakers, céramiste à l’atelier depuis plus de trente ans, a appris aux artistes la technique du moulage. Ceux-ci se sont amusés de certaines particularités du travail de l’émail, laissant sur les créations les coulures et autres traces inattendues, habituellement rejetées par les céramistes. Ils rejoignent là une manière de faire de Pierre Culot qui, lui-aussi, appréciait ces petits accidents liés aux charmes de la création. Cent vases ont été réalisés. Chaque pièce est unique. L’ensemble est hétéroclite, à l’image du travail du duo, mais chacune laisse entrevoir l’univers poétique des Liégeois.

Vases en faïence émaillée, 2016, collection de la Famille Royale de Belgique

Installation Lepidoptera

Les photographies réalisées sous la forme de polaroids,dans leurs déambulations quotidiennes, sont des éléments moins connus de leur travail qui illustrent, sous un autre angle, leur univers. Pour leur exposition au BPS22, le duo crée une cabane en carton dans laquelle ils invitent les visiteurs à pénétrer. À la manière d’un journal intime en trois dimensions, ils y partagent les instantanés de six semaines de voyages et d’aventures entre Liège, Paris, le Maroc et les États-Unis. Céramiques, poteries, polaroids et dessins aux pastels secs, crayons ou à la bombe sont déployés comme autant de moments éphémères de leur vie sauvage. Le titre de l’exposition, LepidoptERA (nom scientifique du papillon commun), est inspiré de ce que les artistes nomment des « moments papillons » en référence à la photographie instantanée utilisée comme base à leurs travaux, à la fugacité des moments partagés, à l’insouciance de la vie de bohème que vivaient les artistes à leurs débuts. LepidoptERA est aussi une invitation à pénétrer le cocon dans lequel se construisent l’œuvre et la pensée de Mon Colonel & Spit.