PHILIPPE FRÈRE
MARIO GARZANITI
PASCAL KOCH

Architect whitout architecture
dimanche 2 novembre 2025
popularité : 100%

Du 8 novembre au 21 décembre 2025
Vernissage le vendredi 7 novembre à 18h30
Finissage musical le dimanche 21 décembre 2025 dès 14h00
et concert de TOOLS TOYS à 16h00
(Francis Danloy-Laurent Simon-Mario Garzaniti-Gauthier Simon-Claudine Denis)

Architect whitout architecture

Et si l’on partait de l’idée qu’un architecte est avant tout un créateur ? On enfonce une porte ouverte mais dans la pratique, ce métier est-il aussi « sexy » qu’il n’y parait ?
Entre les exigences des commanditaires, la conception et la description des projets, les budgets à respecter, les délais à maintenir, le contrôle de l’exécution des travaux, il reste bien peu de temps à l’architecte pour se concentrer à ce qui est l’essence de sa motivation : créer, échafauder un projet.
J’ai toujours pensé que le choix d’exercer ce métier révèle une difficulté à élaborer sa propre vie. N’est-il pas question dans cette orientation de rassembler pour soi-même les différentes composantes d’un processus de création ?
Lorsque je me suis inscrit à l’examen d’entrée de l’école d’architecture, je n’avais pas 18 ans. L’apprentissage par les outils qui passent par la main me fascinait : règles en té, équerres, compas me faisaient entrer dans un monde merveilleux où, alchimiste de l’espace, je me voyais promis aux plus belles réalisations !
L’élaboration des projets par l’approche sensible de la construction des maquettes, le choix des matériaux et des couleurs me reliaient à la construction de ma propre personnalité ! Je veux dire par là que la main maniant le crayon et l’équerre participait activement à l’élaboration des idées sur le papier, que la construction de prototypes au moyen de carton, du cutter et de colle permettait de prendre conscience des rapports entre eux de la stabilité des parois, sols et plafonds, de la réflexion de la lumière, du toucher des textures et des matières.
« Dire que nous « saisissons quelque chose » implique, physiquement, que nous tendions la main vers lui. Dans le geste physique familier qui consiste à prendre un verre, ma main va adopter une forme arrondie, appropriée à la forme du verre, avant qu’elle ne touche effectivement la surface. Le corps est prêt à tenir avant même de savoir si ce qu’il va tenir est glacé ou bouillant. La préhension est le nom technique des mouvements dans lesquels le corps anticipe et agit avant de recevoir des données de sens. Mentalement « nous saisissons quelque chose » quand nous en comprenons le concept ». [1]
Saisir est aussi ressentir, percevoir, vivre une émotion, en décoder l’origine, le sens, et transposer ces données en espace sensible, en objet créé, en représentation figurée.
Ainsi si l’architecture définit un mode de vie, de réflexion, tant politique que philosophique, elle est aussi un laboratoire permanent ouvert sur l’espace entier de la création.
« L’architecture est le plus complet des arts car il fait appel à tous les autres…  » (François Mitterrand).
« Appel à tous les autres … ». Voici donc la démarche de ces démiurges qui, dans la lignée des grands auteurs universellement connus, De Vinci, Le Corbusier, Macintosh et toute l’école du Bauhaus se consacrent aux multiples aspects de cette quête, du design à la peinture, la sculpture, la musique, la photographie, les installations… [2]
Ainsi est né ce projet de présentation des recherches d’architectes « sans architecture ».

Jean-Paul Laixhay
Acier-corten. Réalisation Ateliers Melens & Dejardin
Acier-corten. Réalisation Ateliers Melens & Dejardin

Les architectes

Philippe FRÈRE
Après avoir vécu ensemble notre cursus d’apprentissage, nous avons constitué notre bureau et avons travaillé côte à côte pendant 20 ans. Parcours d’échange et de confrontations quelquefois, de respect et de soutien en toutes circonstances, Philippe m’a donné l’esprit de nuance qui quelquefois me faisait défaut. Dans ses bas-reliefs élaborés avec une précision d’orfèvre, on retrouve toujours une trace, une empreinte, quelquefois oserait-on dire une blessure qui reflète la délicate intervention de la main sur un support improbable.

Philppe Frere, sans titre, s.d., gesso & mine de plomb sur zinc, 90 x 80cm
Philppe Frere, sans titre, s.d., gesso & mine de plomb sur zinc, 90 x 80cm

Mario GARZANITI
L’amour de la musique et singulièrement des instruments à vent nous a fait nous rencontrer. Cet observateur du ciel et décrocheur d’étoiles ne se contente pas de jouer de la trompette. Il la crée et la fait fabriquer. Nous avons découvert notre intérêt commun pour le dessin et la peinture. Le regard de Mario posé sur tous les exercices de la création est empreint d’une attention approfondie et nuancée. Ses créations de mobilier sont élaborées dans une réflexion intense et un regard sur l’univers où le goût du détail se réfère au designer Carlo Scarpa.

Mario Garzaniti, Je regardais le plafond et soudain je vis le ciel ADAMS, monotype, 2019
Mario Garzaniti, Je regardais le plafond et soudain je vis le ciel ADAMS, monotype, 2019

Pascal KOCH
Nous avons enseigné ensemble. Dès l’entame de notre collaboration, j’ai ressenti l’énergie et la volonté de cet homme de terrain, pragmatique et déterminé. A peine avions-nous fait connaissance que Pascal vint m’aider à construire une installation sur le thème des frontières à Eynatten. Touche-à-tout, empreint d’un regard souvent farouche sur la société, Pascal est débordant, excessif parfois mais d’une générosité et d’une efficacité redoutables. Dans leurs compétences singulières, ces trois créateurs qui sont aussi mes amis ont exploré des recherches qui convoquent tous les sens et qui expriment une curiosité créative intense. Ils occupent l’espace de Wégimont dans une scénographie soignée qui s’intègre admirablement à ce lieu emblématique.

Pascal Koch, sans titre, s.d., sculpture
Pascal Koch, sans titre, s.d., sculpture

Je les remercie chaleureusement.

J’oubliais, nos trois compères sont des poètes, réunissant avec bonheur intuition et raison… de vrais architectes quoi !

Jean-Paul Laixhay

Philippe FRÈRE

« Ce qui me motive dans mon travail de composition, c’est la recherche ou parfois la découverte d’un matériau qui pourrait servir, soit de support, soit de médium à mon travail graphique. L’essence de ma recherche se focalise sur des compositions exploitant le traitement de la matière. Tirer parti du grain, de la patine, des défauts, des blessures ou déchirures, ou la fragilité de mes différents supports, sert de guide à mes compositions. Mes compositions abstraites austères ou à l’opposé produites par une gestuelle plus libre seront, je l’espère, un espace d’éveil à l’imaginaire. Mon attitude face à la vie est une permanente question sur l’acte créateur qu’il peut poser. »

Philppe Frere, sans titre, s.d, Gesso et mine de plomb sur feuille de plomb, 90 x 80cm
Philppe Frere, sans titre, s.d, Gesso et mine de plomb sur feuille de plomb, 90 x 80cm

Mario GARZANITI

« Toute(s) mise(s) en forme d’un thème traduit son caractère en soi inaccessible, inatteignable.
Les tentatives d’expression (multiples et successives) en font apparaître certaines faces, qui varient et s’éclairent l’une l’autre par leurs différences. Cette réverbération masque, parfois sournoisement, la quête initiale. Focalisant l’attention sur l’empreinte plutôt que sa cause, les différentes manifestations visibles jouissent, au mieux, d’une gloire éphémère, avant d’être remplacées et parfois sublimées.
Dès lors, il n’est plus question de thème, mais de style(s).
Le style, seul possible, anéantit tout espoir de certitude et d’identification.
Mais il nous ouvre un champ d’expérimentation, vaste et, peut-être, riche de sensations et de significations. »

Justine GARZANITI.
Mario Garzaniti, détail du 1er prototype de gousset de la table oIrAM, s.d.
Mario Garzaniti, détail du 1er prototype de gousset de la table oIrAM, s.d.

Pascal KOCH

« Tout est lié aujourd’hui. Tant en architecture que dans le domaine artistique, la matière, l’outil, l’espace et l’ingéniosité sont indispensables à la création. Le ressenti et l’histoire vécue sont aussi un moteur pour imaginer, proposer sa propre interpénétration des choses. En art-design, je suis animé par des ressentis politiques. Concernant le design proprement dit, je parlerai plutôt de dialogue et d’envie de mettre en exergue une matière particulière et de lui donner forme utile.
La réflexion fait partie des éléments constitutifs de la réflexion. Par exemple j’ai commencé à mettre en fabrication un jeu d’échecs et ce, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Tout et rien peuvent être un déclencheur à la créativité, cela dépend de la sensibilité de chacun.
J’affectionne l’acier, le bois, les matériaux nobles. Généralement, les objets conçus ont toujours un lien direct avec notre corps, notre histoire. »

Pascal Koch, Lampe Tétraèdre, s.d., Inox poli miroir, 200 x 15 x 15cm
Pascal Koch, Lampe Tétraèdre, s.d., Inox poli miroir, 200 x 15 x 15cm

TOOL TOYS

Finissage de Architect Without Architecture en musique le 21 décembre 2025
C’est une musique « prêt à porter » et sur « mesure »
Tout style, toutes tailles et -fait maison-.
Un tissu musical qui voyage au gré des âges et dans divers univers. Du « garage » à la « kitchen » ette.
Cuivré, cartonné et venteux , percuté et quatre grosses cordes.
Un peu patiné… parfois glissant.

Accordéon : Francis DANLOY
Sax baryton, sax alto et voix : Laurent SIMON
Trompette et bugle : Mario GARZANITI
Contrebasse : Gauthier SIMON
Drums : Claudine DENIS
Écouter


[1Richard Sennett, Ce que sait la main, La culture de l’artisanat, Éditions Albin Michel, 2010

[2L’esprit du Bauhaus, Musée des arts décoratifs avec la Fondation d’entreprise Hermès du 19 octobre 2016 au 26 janvier 2017, Beaux-Arts hors-série,. « L’idéal du Bauhaus a été abjuré à travers une production très prolifique, interdisciplinaire, qui faisait de chaque maître et élève non pas des spécialistes, mais des artistes à part entière, capables de travailler dans des domaines aussi divers que le décor mural, la scénographie, le design ou encore le tissage ou la céramique. Le mot d’ordre était le retour aux bases : couleurs primaires, formes simples… pour garantir la transmission d’un savoir-faire, loin du culte de la figure de l’artiste. »


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